Le match d’improvisation, de ses origines à aujourd’hui

Le match d’improvisation est certainement le format d’improvisation scénique le plus iconique. Découvrez ses origines et ses influence sur le théâtre d’improvisation en France et au Québec.

Les origines du match d’improvisation

L’être humain improvise depuis toujours. On retrouve dès la préhistoire les premières traces d’improvisation scénique lorsqu’étaient reproduites les scènes de chasse. La pratique du théâtre d’improvisation perdure depuis à toutes les époques, au sein de la Grèce antique (Aristote décrit le rôle de l’improvisation pour le théâtre dans son ouvrage Poétique) jusqu’au 16eme siècle avec l’émergence de la Commedia dell’Arte en Italie.

L’impro au service de la création théâtrale

Depuis l’émergence du théâtre à la renaissance, nombreux sont celles et ceux qui ont utilisé l’improvisation comme support à la création. Les comédiens et comédiennes jouent le plus souvent à partir de contraintes données par le ou la metteuse en scène, et de ce travail naissent les textes de la future pièce de théâtre. Molière lui-même aurait usé de cette méthode pour une grande partie de son œuvre. Dans des temps plus modernes on peut citer le russe Constantin Stanislavski qui au 19eme siècle se sert de l’improvisation théâtrale comme aide à l’interprétation pour ses comédiens et comédiennes.

Le théâtre d’impro aux États-Unis et dans les pays anglophones

Au 20eme siècle, le théâtre d’improvisation connaît un nouvel essor sur le contient américain. Dans les années 50, Viola Spolin est la première de ses contemporaines à donner des cours d’impro et introduire l’improvisation comme finalité théâtrale et non plus comme simple outil à la création. Keith Johnstone fera de même en Angleterre et au Canada avec l’idée de répartir les interprètes en deux équipes. Il donnera également des cours d’improvisation à ses élèves.

La naissance du match d’impro au Québec et dans les pays francophones

A la fin des années 70, des québécois et québécoises reviennent d’un voyage aux Etats-Unis. Ils et elles ont vu là-bas leur premier spectacle d’improvisation. La fascination que cette expérience leur a apportée les incite à ramener cette pratique au Québec, et plus particulièrement à Montréal. Mais il leur tient à cœur de teinter cette pratique de leur identité québécoise, et quoi de mieux que le sport national pour représenter leur pays. C’est ainsi que le 21 octobre 1977 par l’impulsion de Robert Gravel et Yvon Leduc naît le premier match d’improvisation de la LNI, la Ligue Nationale d’Improvisation du Québec. Ce format d’improvisation théâtrale trouve la source de ses inspirations dans le match de hockey : équipes, maillots, arbitrage, règles, points, pénalités et même patinoire.

Très rapidement, la LNI organise des tournées en France et dans les pays francophones, allant jusqu’à présenter son format de théâtre d’improvisation au célèbre festival d’Avignon. Les francophones adoptent la pratique, se lançant dans la création de leurs propres ligues d’impro et jouant leurs premiers matchs. Dans le même temps les premiers cours d’impro font leur apparition.

Le match d’improvisation aujourd’hui

Depuis sa création dans les années 70, le match d’improvisation est toujours aussi populaire auprès du public et des interprètes.

Le match d’impro au Québec

Au Québec, le match d’improvisation est de loin de format le plus répandu. Depuis les grandes salles de théâtre aux plus petits bars, de Montréal à Chicoutimi, qu’il soit joué par des élèves du secondaire ou de célèbres acteurs et actrices du Québec, le match d’impro est une véritable institution de ce pays. Tout le monde le connaît et pratiquement tout le monde a déjà pris un cours d’impro au moins une fois dans sa vie.

Le match d’improvisation offre donc à son pays un héritage beau et fort. Peut-être trop ? C’est en tout cas la réflexion qu’entretien Fréderic Barbusci, célèbre improvisateur québécois, dans son podcast Pas d’Impro. Le match est si fort ancré dans le paysage culturel qu’il devient très difficile de faire autre chose et les nouveaux formats de théâtre d’impro peinent à voir le jour au Québec. Difficile mais pas impossible. Avec sa compagnie Les Productions de l’Instable, Barbusci offre une variété de spectacles d’improvisation différente du match depuis plus d’une dizaine d’années. Un travail qui paye puisque la troupe inaugurera en janvier 2023 le JIM, un lieu entièrement dédié à tous les formats de théâtre d’improvisation, spectacles et cours d’impro au programme. Excellente nouvelle donc pour nos cousins et cousines du nouveau continent.

Le match d’impro en France

A l’inverse du Québec, le match d’improvisation connaît en France un certain déclin ces dernières années. Bien moins ancré dans la culture du pays, il a peu à peu laissé place à de nouveaux formats de théâtre d’improvisation. Catchs d’impro, Cabarets improvisés, improvisations long formats, les français et les françaises veulent créer des nouvelles manières d’improviser sur scène. Les cours d’impro suivent cette tendance et le match n’est plus le seul spectacle enseigné aux élèves.

Les matchs d’improvisations traditionnels sont donc moins fréquents en France qu’au Québec, mais pas forcément pour le pire. En plus de laisser la place aux autres formats de théâtre d’impro, la rareté des rencontres dans la patinoire rend le match exceptionnel et très attendu par le public. Ainsi, les Grands Matchs d’Improvisation de TRIBU ont lieu seulement quatre fois dans l’année mais attirent un public de plusieurs centaines de personnes à chaque représentation. De plus, de nouveaux spectacles directement inspirés du match lui offre une seconde jeunesse et une fraicheur qui fait du bien. C’est le cas par exemple du spectacle Les Colocs également organisé par TRIBU ou du tournoi de Nano-Matchs d’improvisation de la Ligue Impro 38.

Les cours d’impro pour apprendre la pratique du match d’improvisation

Lors de l’arrivée du théâtre d’improvisation en France, les troupes ont eu besoin de grossir leurs rangs. C’est ainsi que sont apparus les premiers cours d’impro dans le pays. Largement démocratisées aujourd’hui, les formations à l’improvisation sont accessibles dans la plupart des villes européennes. Mais comme pour le reste, le Québec a de l’avance.

Les cours d’impro en francophonie

De nombreux pays proposent des cours d’impro en français : en Europe avec par exemple la Belgique, la Suisse, la France ou le Luxembourg mais également sur les autres continents : en Afrique avec le Maroc, en Asie avec la Chine ou bien sûr en Amérique avec le Québec.

Les cours d’impro au Québec

Le Québec est certainement le pays qui propose le plus de cours d’impro. Les enfants ont accès à la pratique dès le secondaire dans leur programme scolaire et ce jusqu’au CEGEP (équivalent bac/bac+1). Les adultes ont aussi accès à l’apprentissage de l’improvisation dans le cadre d’ateliers récurrents ou de stages ponctuels. A Montréal, de nombreuses écoles proposent des cours d’impro, la plupart du temps pour former au match, comme par exemple Improsierra ou L’école de la LNI dans lesquelles Gabriel de TRIBU s’est formé en partie. La langue de Shakespeare n’est pas non plus boudée dans la métropole avec entre autres Montreal Improv qui donne ses cours d’impro en anglais.

Les cours d’impro en France

Toutes les grandes villes de France forment à l’improvisation mais aussi certaines villes de taille plus restreinte. A Grenoble, beaucoup d’écoles forment au théâtre d’impro mais toutes au match. Pour se former au match d’impro, il faut se tourner vers la Ligue Impro 38 ou vers les cours d’impro de TRIBU.